Hi, Jâai choisi un titre qui rĂ©sume une opinion trĂšs frĂ©quente dans notre sociĂ©tĂ© mais qui, vous vous en doutez, ne correspond pas du tout Ă ce que je pense. Pourtant, moi aussi avant de me mettre au sport je partageais cet avis, je faisais des rĂ©flexions et me posais en propre juge dâautres femmes sportives âah non mais lĂ câest trop, câest plus du tout fĂ©minin⊠purĂ©e on dirait un bonhomme elle. Câest trop moche lĂ !â Puis, jâai commencĂ© le sport, mon corps sâest transformĂ©, les muscles sont apparus. Ces muscles jâen suis fiĂšre, ils sont le rĂ©sultat de nombreuses heures dâentrainement, de motivation, de transpiration⊠de plaisir aussi. Ces muscles sont aussi devenus de nouveaux compagnons dans mon quotidien qui me simplifient la vie et ont changĂ© ma personnalitĂ©. Je peux faire tellement de choses âsans souffrirâ soulever du matĂ©riel, ma valise, porter mes courses, des cartons, supporter plus facilement la fatigue, avoir plus confiance en moi car je me sens forte. Or, ces sentiments de force, dâassurance ET ces marques de musculature ne sont pas lâapanage auquel on pourrait sâattendre chez une femme. Câest lĂ que nous tombons dans le fameux clichĂ© voire diktat qui nous exhorte nous les femmes Ă ĂȘtre â => mince, jolie, innocenteâŠbref une petite chose faible qui doit souffrir pour rentrer dans cette petite case, et ne SURTOUT pas ĂȘtre forte, maĂźtre de son corps, de ses Ă©motions et ⊠indĂ©pendante. Vous pensez que jâexagĂšre ? Malheureusement non et on sâaperçoit de cette petite case dans laquelle on veut nous glisser QUE lorsquâon en sort. Je me suis pris mes premiĂšres rĂ©flexions lorsque jâai Ă©crit mon premier article sur le travail des abdominaux. CâĂ©tait âtropâ, je nâĂ©tais plus âfĂ©minineâ. Lorsque je fais du sport, la derniĂšre chose Ă laquelle je pense, câest bien mon apparence. Je me fais du bien, je me sens bien, ça me rend heureuse.. peu importe si je suis rouge, transpirante.. ou âtrop musclĂ©eâ ForcĂ©ment la pratique dâune activitĂ© physique modifie notre corps, plus on la pratique, plus les modifications sont importantes. Mais personnellement, jâaime dâautant plus mon corps aujourdâhui car⊠de maniĂšre trĂšs rationnelle, je le trouve bien plus fonctionnelle et bien plus en harmonie avec mon caractĂšreâ. Plus fonctionnelle car je nâai plus besoin de Matthieu pour monter mes packs dâeauâŠcar je peux supporter mon Ă©norme sac Ă dos pesant parfois plus de 15kg-20kg sur le dos sans broncher, car je me sens forte, car je me sens capable de faire et dâatteindre tout ce que je veux. Ma force physique est devenue une force de caractĂšre. Câest beau ou câest moche ces abdos⊠peu importe, ils me permettent de courir plus longtemps, en traumatisant moins mes articulations et tant pis sâils ne font pas âFEMININSâ madame. Je porte Baskets, Short et BrassiĂšre Nike Le pire dans cette histoire de femme = corps mince et faible, câest que nous-mĂȘmes, nous femme, nous nous imposons ce clichĂ© et critiquons les femmes qui osent en sortir, car nous ne les comprenons pas. âNan mais elle câest trop !!! Moi je veux pas faire du sport si câest pur me transformer en bonhommeâ. Demandez-vous pourquoi nous les femmes avons soi-disant si peur de nous muscler ou faire de la musculation AVEC des poids. Câest parce que nous avons peur de cette apparence. Enfin, jusquâau jour oĂč nous aussi nous franchissons le pas. Je ne parle jamais de ça ni ne partage jamais mon avis sur le sujet car je sais quâil cause beaucoup de dĂ©saccords dans mon entourage. âNan mais Anne toi tu es musclĂ©e mais ça va, pas trop, il faut pas que tu fasses plus sinon⊠bon ça fera bonhomme non ? fais gaffe quand mĂȘmeâ⊠On mâa dĂ©jĂ sortie âfais attention quand mĂȘme Ă Matthieu !â⊠âĂ force tu auras plus dâabdos que de seins, ça serait dommage lolâ. DĂ©jĂ que faire du sport en Ă©tant une femme nâest pas une dĂ©marche facile, le sport restant un univers assez masculin ET patriarcal, alors si en plus il faut doser notre activitĂ©, notre comportement lorsque lâon bouge pour rester dans la case âfĂ©minitĂ©â, autant ne rien faire du tout. ça, câest plutĂŽt arrangeant pour une sociĂ©tĂ© qui met la femme en position de petite chose faible, mince et dominĂ©e. Je ne veux pas lancer le dĂ©bat dans ma famille mais pourtant, ça me blesse car je pense Ă ces femmes, sportives de haut niveau, qui sâentrainent quotidien pour atteindre leur objectif et se voient rĂ©duites en une phrase Ă un morceau de viande âtrop musclĂ©â. On ne voit que leur physique, on ne voit pas leur implication, leur motivation⊠En fait une femme = son corps. Je vous invite Ă Ă©couter les commentateurs sportifs. Vous dĂ©couvrirez la diffĂ©rence de traitement quâils opĂšrent entre une femme compĂ©titrice, on ne mentionnera quasiment QUE son corps, alors quâun homme, ils sâattacheront Ă commenter sa technique, sa force, son mental. Osmany est lâauteur de ces photos et lorsquâil mâa proposĂ© de les faire, jâai acceptĂ© mais en lui disant que je ne pourrai JAMAIS les utiliser ou les montrer car elles ne seraient pas comprises et certainement vivement critiquĂ©es. Elles mettaient en avant âce qui ne faut pas montrerâ chez une femme ses muscles. Pourtant jâen suis fiĂšre, je nâen ai pas honte, mais je ne supporte pas me voir rĂ©duire et classer en fonction de mon corps. Je nâaime pas les âselfie abdos/fesses and coâ car je mâefforce Ă faire sortir cette vision qui rĂ©duit la femme Ă son corps. Nous vallons mieux que ça. De plus et surtout en lâoccurence, ça nâaurait quâĂ©veillĂ© les commentaires du ânan mais câest trop!â Heureusement, je sens actuellement le vent changĂ©, le muscle arrive dans le nouveau stĂ©rĂ©otype de la femme âmince, fragile mais TONIQUE ahahaâ. Les ventres plats musclĂ©s mais pas trop quand mĂȘme ET les fessiers rebondis sont trop Ă la mode madame. Mais Ă nouveau, la sociĂ©tĂ© tolĂšre ce muscle quâĂ des endroits hyper esthĂ©tiques et sexuels. Les bras et les jambes musclĂ©s, attention, câest dĂ©jĂ trop ! Je plaisante, jâironie mais cette situation est parfois tellement stupide. Pourquoi je nâaurais pas le droit dâavoir de beaux bras musclĂ©s ? Pourquoi ne serait-ce que lâapanage de lâhomme ? Vous lâignorez peut-ĂȘtre mais câest dâautant plus difficile pour une femme de se muscler. ET les salles de sport ont bien compris que les femmes voulaient faire du sport TOUT en respectant ce diktat du âNO MUSCLE ALLOWEDâ, câest pourquoi elles nous proposent des sports comme du Body Balance qui⊠âtonifieâ sans âmuscler Ă outranceâ. La femme peut ĂȘtre tonique, lâhomme musclĂ© et tout va bien. Combien de fois jâentends âah nan mais moi je veux me tonifier je ne veux pas me transformer en musclor, je ne veux pas faire de musculationâ. Avouons, faire de la musculation est effrayant pour une majoritĂ© de femme. On pourrait bientĂŽt voir un biceps poussĂ© sur le milieu de notre figure ahah. Moi aussi jâen faisais partie, pendant longtemps jâai catĂ©goriquement refusĂ© dâutiliser des poids pour mes exercices de renforcement musculaire. Puis je me suis aperçue que ma position Ă©tait totalement stupide. Au contraire, je devrais faire partie de ces femmes qui montrent que peu importe notre apprĂ©hension, notre vision de la beauté⊠je suis musclĂ©e un point câest tout. Beau ou moche, câest un fait, tâaime ou pas, câest ainsi. Ces muscles, je les ai choisis en faisant du sport et en dĂ©veloppant ma passion pour le sport. Jâai sculptĂ© ce corps pour quâil puisse supporter ma passion de la course Ă pied. Je devrai ĂȘtre FIERE de ce quâil me permet dâaccomplir. Je veux assumer. Pourtant, je suis parfois gĂȘnĂ©e. Ă plusieurs reprises jâai refusĂ© dâacheter des petits dĂ©bardeurs car âon voyait trop mes bras musclĂ©sâ. La vendeuse a Ă©tĂ© adorable en me disant quâelle aimeraient bien avoir des bras aussi musclĂ©s, mais voilĂ . Encore aujourdâhui, je vĂ©rifie en me disant âil faut pas que lâon voit trop mes muscles. â POURQUOIâŠPOURQUOI ? car les muscles chez une femme, câest mocheâŠ. câest beurk câest pas fĂ©minin, parce que ils doivent ĂȘtre lâapanage de lâhomme. Je les plains aussi car ils sont soumis Ă dâautres diktats. Mais que faire ? Et bien arrĂȘtons de critiquer ces physiques inhabituels, la beautĂ© est subjective. Muscle ou pas, il faut reconnaĂźtre que les femmes musclĂ©es SUENT pour en arriver lĂ oĂč elles sont. Nous tuons leur motivation en rĂ©duisant tous leurs efforts à ça. Les muscles sont beaux, mĂ©ritant peu importe notre sexe. Nous devons les accepter et les encourager dans la mesure oĂč un corps musclĂ© est bien moins traumatisĂ©e par les alĂ©as de la vie mine de rien. Nous devons en ĂȘtre fier, peu importe notre place ou notre image dans la sociĂ©tĂ©. Nous nâavons quâun corps, encore heureux que nous pouvons en faire ce que nous voulons non đ ! Valorisons les femmes qui osent, supportons ces athlĂštes qui ont autant le droit de faire du sport et de se rĂ©aliser que les hommes. âVous nâaimez pas les muscles chez les femmesâ ? Demandez-vous dâoĂč vient rĂ©ellement cette opinion ? Quâen pensez-vous ? Vive les muscles ouâŠ. ? Ă trĂšs vite PS NâhĂ©sitez pas Ă voir la video de Marine qui a une approche plus sociologique de la question. Bon moi jâai tout un mĂ©moire sur le sujet tellement ça me passionne cette question de fĂ©minitĂ© et de sport. Mais vous voyez Ă quel point la pratique du sport va au-delĂ de simplement une forme physique, il remet en cause bien plus que notre corps au coeur de notre quotidien đ PS Pour fĂȘter la sortie de la âMagie du Runningâ, jâorganise en partenariat avec Le Pain Quotidien des Champs ElysĂ©es un AfterWork/dĂ©dicace jeudi 19 mai de 19h Ă 21h đ Toutes les infos sur Facebook >> Lâoccasion de se rencontrer, papoter et que je glisse un petit mot dans votre livre đâš
Laligne de bus numĂ©ro 12 part du centre-ville de Caen (Calvados) et se rend directement Ă Ouistreham et Lion-sur-Mer. Au quotidien, pour de nombreuses famillesAlors que je lisais le livre de Marshall Rosenberg DĂ©nouer les conflits par la Communication Non Violente », jâai soudain pris conscience du pouvoir de nuisance des jugements et autres Ă©tiquettes. Des expressions comme Câest bien/Câest mal », Câest nul/ Câest super » Câest beau/ Câest moche » imposent arbitrairement un point de vue aux enfants. Ils sont alors soumis finalement Ă une autoritĂ© qui les empĂȘche de se faire leur propre idĂ©e des situations qui pourtant les concernent directement et sont le carburant de leur dĂ©veloppement . Lorsquâun parent ou un adulte en gĂ©nĂ©ral juge ainsi catĂ©goriquement et binairement » le comportement dâun enfant, il le prive de plusieurs libertĂ©s celle de choisir, dâassumer la responsabilitĂ© de ses actes, de se connecter Ă ses Ă©motions et dâapprendre. Le jugement tue mĂȘme lâintuition et la prise dâinitiative Ă long terme puisque des murs mentaux se mettent en place au lieu de laisser le choix du chemin, guidĂ© par une boussole interne en construction et dont la construction dĂ©pend prĂ©cisĂ©ment de la capacitĂ© Ă se faire sa propre opinion de ses expĂ©riences et Ă se connecter Ă ses Ă©motions. Les jugements enferment dans des rĂ©alitĂ©s qui ne sont que celles de celui qui juge. Car toute rĂ©alitĂ© nâest, vous en conviendrez, quâune interprĂ©tation. InterprĂ©tation teintĂ©e de croyances limitantes. Ainsi le câest bien » de lâun sera peut -ĂȘtre le câest mal » de lâautre. Et cela pourra donner lieu Ă des oppositions et des conflits entre deux individus dâhorizons diffĂ©rents qui dĂ©fendent leur schĂ©ma de croyance et cherchent Ă avoir raison ! Lorsque nous affirmons câest bien/câest mal » Ă un enfant, nous imposons une cage de laquelle il sera difficile de sâextraire une fois adulte. Et cette cage se transmettra de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration, crĂ©ant quelques dĂ©gĂąts violence, conflits, baisse dâestime de soi, conception dâun monde dominant/dominĂ©, dĂ©pendance Ă une autoritĂ© et recherche permanente de celle-ci, absence de libre-arbitre, intolĂ©rance, ⊠Bref, pour laisser la libertĂ© de choisir et dâĂ©voluer, je pense quâil est surtout important daccompagner sans juger . En se plaçant Ă la hauteur de lâenfant, non au dessus comme un juge obstinĂ© et omnipotent. Les Ă©tapes de la Communication Non Violente permettent cela puisquâelles favorisent lâobservation de faits au prĂ©sent Je vois⊠», lâexpression personnelle de sentiments Je ressens⊠», lâidentification des besoins Jâai besoin⊠» et la formulation dâune demande claire pour rĂ©pondre au besoin dĂ©ficient. Chacun sâoccupe ainsi de ses besoins plutĂŽt que de tenter de contrĂŽler/convaincre lâautre. Je complĂ©terai avec une citation de Marshall Rosenberg Le langage statique transforme les ĂȘtres humains en chose dĂ©pourvues de vie. LâĂ©ducation statique privilĂ©gie les termes juste/faux », normal/anormal ». Cela coule de source quâun homme ou une femme ayant grandi dans un tel univers sĂ©mantique admette quâau sommet du systĂšme, une autoritĂ© dĂ©crĂšte ce qui est juste et ce qui est faux. Il faut dresser les cerveaux humains dĂšs leur plus jeune Ăąge pour quâils fonctionnent ensuite dans de telles structures mentales. » DresserâŠje suis terrifiĂ© par lâimage de ce mot associĂ© Ă lâĂ©ducation ⊠et pourtant, de telles systĂšmes sont dĂ©jĂ en place depuis fort longtemps. Ce sont des chaines devenues invisibles Ă force de banalisation. Maintenant, soyons honnĂȘtes, dĂšs lors que nous interagissons avec les enfants, nous les influençons. Souvent cette influence est inconsciente et non verbale avec des micro-expressions du visage, des gestes, âŠmais je reste persuadĂ© que si nous nourrisson lâintention dâĂȘtre au mĂȘme niveau que nos enfants plutĂŽt quâau dessus et que nous nous visualisons main dans la main en train dâavancer, les jugements et Ă©tiquettes diminueront naturellement. Lâautre dĂ©clencheur pour stopper le flux de jugements serait de se projeter Ă leur place, via lâempathie, et de sâinterroger sur ce que nous ressentirions si nous nous entendrions dire ce que nous leur disons. Et cela soulĂšve un dernier point quels sont les jugements dont nous souffrons, nous, adultes ? Quelles croyances limitantes ont-ils Ă©rigĂ©es ? Les autres alternatives aux jugements et Ă©tiquettes dans lâĂ©ducation Voici une liste non exhaustive de façons dâĂ©viter les jugements et Ă©tiquettes. DĂ©crire sans juger les actes et les consĂ©quences naturelles des actes. Proposer de vrais choix. Interroger lâenfant quâen penses-tu ? » Que se passerait-il selon toi siâŠ? » Partager notre expĂ©rience sans comparer comme une information. Etablir des rĂšgles AVEC lâenfant. Mettre en Ă©vidence les efforts de lâenfant en les dĂ©crivant ou en le questionnant avec une rĂ©elle curiositĂ©. Pour conclure, nous retiendrons peut-ĂȘtre ce slogan Juger moins pour libĂ©rer plus » Je vous conseille la lecture de ce cahier pratique pour pratiquer la CNV en famille
jesais je sais je suis super moche enfin bon sinon je suis la plus grande et la fille devant moi c'est ma soeurette, la piuece c'est mon salon bon je respire e. MaĂ©Family: Vous souhaitez rĂ©agir Ă ce message ? CrĂ©ez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer. Accueil Galerie Rechercher . S'enregistrer Connexion : Le deal Ă ne La Foire internationale d'art contemporain Fiac, qui s'ouvre jeudi Ă Paris, illustre plusieurs des travers dĂ©noncĂ©s par les pourfendeurs de ce milieu. Des critiques qui ne sont pas toutes rejetĂ©es par les acteurs de ce marchĂ© jeudi 18 au dimanche 21 octobre se tient "l'Ă©vĂ©nement le plus drĂŽle de Paris", du moins aux yeux de l'animateur Pascal Praud la Fiac, la grande foire d'art contemporain qui investit chaque annĂ©e le Grand Palais Ă Paris. Fervent dĂ©fenseur du "bon sens", le chroniqueur tĂ©lĂ© ne manque pas une occasion de qualifier l'art contemporain de "plus grande escroquerie de notre Ă©poque", et avait raillĂ© la Fiac en 2014, sur RTL, expliquant qu'on pouvait y voir "des gogos blindĂ©s jusqu'Ă l'ISF ... se pĂąmer devant une sculpture reprĂ©sentant une crotte de chien". >> VIDEO. Vous ĂȘtes totalement hermĂ©tique Ă l'art contemporain ? Ces quatre Ćuvres pourraient bien vous faire changer d'avis. Il n'est pas le seul Ă avoir ce point de vue. L'Ă©vĂ©nement, destinĂ© Ă la fois aux collectionneurs et aux curieux, cristallise chaque annĂ©e toutes les critiques habituelles entendues au sujet de l'art contemporain. Elles reviennent dans la bouche de nombreux sceptiques, qu'ils soient hermĂ©tiques Ă l'art en gĂ©nĂ©ral ou plus particuliĂšrement fanatiques des peintres et sculpteurs des siĂšcles prĂ©cĂ©dents. Et peut-ĂȘtre que vous-mĂȘme, qui lisez cet article, en faites partie. Nous avons tentĂ© de rĂ©pondre Ă six affirmations trĂšs rĂ©pandues quand il s'agit de pourfendre l'art contemporain, et de dĂ©celer leur part de vĂ©ritĂ© ou de caricature. "Je ne vois pas pourquoi je devrais aimer des Ćuvres moches" Vous l'avez remarquĂ© les artistes contemporains ne cherchent plus forcĂ©ment Ă faire du beau. La journaliste et critique d'art Elisabeth Couturier reconnaĂźt elle-mĂȘme que la beautĂ© "n'est pas ce qu'on attend en prioritĂ©" dans le milieu. "On espĂšre surtout d'une Ćuvre qu'elle nous questionne, nous dĂ©stabilise". Vous pouvez ne pas partager cet avis, mais il est largement rĂ©pandu chez ceux qui font l'art contemporain, ceux qui l'exposent et ceux qui le recommandent dans les mĂ©dias. Cela dit, l'art contemporain n'a pas inventĂ© cette dĂ©marche. Prenez Gustave Courbet, un peintre du XIXe siĂšcle que vous apprĂ©ciez sans doute â c'est en tout cas le cas de nombreux dĂ©tracteurs de l'art contemporain. Vous trouvez peut-ĂȘtre son Ćuvre "belle" par sa maĂźtrise de la peinture, mais "quand il a peint Un enterrement Ă Ornans, un tel rĂ©alisme Ă©tait considĂ©rĂ© comme ce qu'il y avait de plus laid", explique Elisabeth Couturier. "On pensait que l'art devait transcender la rĂ©alitĂ©". Mais si vous cherchez la beautĂ©, elle existe toujours. Jean Blaise, crĂ©ateur du parcours d'art contemporain Le Voyage Ă Nantes, cite en exemple le Serpent d'ocĂ©an du Chinois Huang Yong Ping, installĂ© en 2012 Ă Saint-BrĂ©vin Loire-Atlantique. Dans l'esprit de l'artiste, ce squelette de serpent qui entre et sort de l'eau au rythme des marĂ©es "venait nous annoncer de trĂšs mauvaises nouvelles pour la planĂšte". "Mais en plus de donner un message, c'est une Ćuvre Ă©poustouflante, qui a trĂšs vite Ă©tĂ© adoptĂ©e par tout le monde", se souvient-il. Et Ă l'inverse, faire du "moche" a parfois un sens. Ainsi, en 2009, Jean Blaise cherche une Ćuvre Ă disposer face Ă la nouvelle Ă©cole d'architecture de Nantes "En voyant ce trĂšs beau bĂątiment, on s'est dit qu'il serait plus intĂ©ressant de le provoquer", plutĂŽt que d'installer une statue qui se serait fondue dans le dĂ©cor. Son Ă©quipe choisit le collectif nĂ©erlandais Van Lieshout, qui conçoit "une espĂšce de gros chewing-gum bleu layette", tranchant avec la perfection moderne de l'Ă©cole. "Jean-Marc Ayrault [alors maire de Nantes] n'a pas du tout adorĂ©, parce que ça venait perturber un magnifique travail. Mais, aprĂšs une longue discussion sur le rĂŽle de l'art, il a fini par comprendre notre dĂ©marche et accepter". Ce qui montre que vous n'ĂȘtes pas le seul Ă ĂȘtre sceptique, mais qu'on peut revoir ses positions. "Ma fille de 5 ans pourrait faire aussi bien, et moi aussi je pourrais m'y mettre" Si ce que vous admirez dans l'art, c'est le don du Caravage pour peindre la lumiĂšre, on peut comprendre que vous restiez perplexe face Ă une toile entiĂšrement recouverte de blanc, ou que vous envisagiez d'orienter vos enfants vers une lucrative carriĂšre de peintre minimaliste. MĂȘme si les monochromes apparaissent dĂšs le dĂ©but de XXe siĂšcle, et ne sont donc pas une invention contemporaine, ils illustrent bien ce qui dĂ©range beaucoup de monde au sujet de l'art contemporain une forme de simplicitĂ©. Mais "essayez, vous verrez, ce n'est pas si facile de peindre un monochrome", prĂ©vient BĂ©atrice Joyeux-Prunel, maĂźtre de confĂ©rences en histoire de l'art contemporain Ă l'Ecole normale supĂ©rieure de Paris. Ces toiles se distinguent les unes des autres par un travail sur la gĂ©omĂ©trie, la texture ou la teinte de blanc, qui n'est jamais totalement pure cette vidĂ©o de Vox, en anglais, vous en dira plus. Mais leur intĂ©rĂȘt rĂ©side aussi dans la dĂ©marche de l'artiste. Eh oui, "tout le monde peut avoir l'idĂ©e d'un monochrome, mais encore faut-il le faire", estime BĂ©atrice Joyeux-Prunel, et, a priori, ce n'est pas votre cas. Et si, demain, vous tentez de vendre Ă un galeriste une toile simplement couverte de peinture blanche par vos enfants, il n'est pas sĂ»r qu'il l'achĂšte. "Pour que ce soit considĂ©rĂ© comme de l'art, il faut que ce soit adoubĂ© par le milieu", estime Elisabeth Couturier, qui a Ă©crit Art contemporain le guide Flammarion, 2015. Et cette reconnaissance des musĂ©es ou de la critique est attribuĂ©e quand ceux-ci voient que "l'artiste reprend le fil de l'histoire, qu'il emprunte les chemins ouverts par d'autres plasticiens avant lui et qu'il les ouvre encore plus". En clair, qu'il apporte quelque chose de nouveau. Prenez par exemple Fontaine, l'Ćuvre la plus cĂ©lĂšbre du plasticien Marcel Duchamp il s'agit d'un urinoir en porcelaine, renversĂ© et signĂ© par l'artiste. Vous aussi pourriez en acheter un dans le commerce et tenter de faire la mĂȘme "Ćuvre". Mais en prĂ©sentant cet objet dans une exposition Ă New York en 1917 â elle fut refusĂ©e â, Duchamp faisait preuve d'un culot rĂ©volutionnaire, qui a contribuĂ© Ă redĂ©finir ce qu'est une Ćuvre d'art, et continue d'influencer des artistes actuels. C'est la dĂ©marche qui en fait une piĂšce majeure. Aujourd'hui, il est donc totalement acceptĂ© dans le milieu de l'art de prĂ©senter des Ćuvres qui ne demandent pas de technique de la part de l'artiste. Et elles peuvent ĂȘtre saluĂ©es par la critique. Elisabeth Couturier prend pour exemple Mathieu Mercier, un plasticien français contemporain, auteur d'une sĂ©rie d'installations, Drum & Bass, "qui ne sont faites qu'avec des objets que vous pourriez acheter dans un magasin de bricolage. Mais quand vous les regardez, vous ĂȘtes comme devant un tableau de Mondrian", dont vous avez sans doute dĂ©jĂ vu sans forcĂ©ment le savoir les quadrillages minimalistes et colorĂ©s. "Quand on se prend au jeu, on comprend qu'on peut faire des figures avec autre chose qu'un pinceau et de la couleur." "Vous faites semblant de trouver ça profond, mais ça n'a aucun sens" Vous aviez peut-ĂȘtre beaucoup ri en lisant qu'en 2016, un visiteur du musĂ©e d'art moderne de San Francisco avait posĂ© ses lunettes sur le sol et que certains visiteurs avaient cru qu'il s'agissait d'une Ćuvre. S'il est juste un blagueur, est-ce aussi le cas de Marcel Duchamp et de son urinoir ? "On peut croire que c'est un escroc, mais il y a des bibliothĂšques entiĂšres remplies d'auteurs qui ont passĂ© leur vie Ă contempler son gĂ©nie", balaye Elisabeth Couturier. "Ăa veut quand mĂȘme dire qu'il a touchĂ© quelque chose. Il a ouvert des milliers de perspectives". Andy Warhol, dont le travail repose grandement sur le fait d'exposer comme des Ćuvres d'art des objets emblĂ©matiques de la sociĂ©tĂ© de consommation, n'aurait pas existĂ© si Duchamp n'avait pas redĂ©fini ce qui peut ĂȘtre une Ćuvre. Vous aurez donc du mal Ă convaincre des gĂ©nĂ©rations d'historiens que l'urinoir de Duchamp n'a en fait aucun sens. Mais il arrive bien sĂ»r aux dĂ©fenseurs de l'art contemporain eux-mĂȘmes de trouver certains artistes, pourtant reconnus, totalement inintĂ©ressants. StĂ©phane Correard, qui tient lui-mĂȘme un salon de galeristes, n'est par exemple pas convaincu par le travail de Daniel Buren, l'auteur des fameuses colonnes installĂ©es dans la cour du Palais-Royal Ă Paris. "Il a un discours thĂ©orique trĂšs fort, mais en rĂ©alitĂ©, son travail s'est 'spectacularisĂ©' au fil des annĂ©es, et aujourd'hui c'est devenu purement de la dĂ©coration", estime-t-il. Comme pour la musique ou le cinĂ©ma, vous pouvez donc parfaitement trouver sans intĂ©rĂȘt un artiste reconnu. StĂ©phane CorrĂ©ard rĂ©sume "Il y a des choses qu'on aime et d'autres, non. Ce qui n'a pas de sens, c'est d'ĂȘtre pour ou contre l'art contemporain dans son ensemble". "Je ne veux pas avoir besoin d'une notice pour comprendre les Ćuvres" Vous n'ĂȘtes pas le seul le sujet dĂ©chire aussi les amateurs d'art contemporain. "Dans les Ă©coles d'art, le discours d'un artiste sur son travail a presque plus d'importance que le travail lui-mĂȘme", dĂ©plore ainsi StĂ©phane CorrĂ©ard. "Pour moi, la vĂ©ritĂ© d'une Ćuvre doit se trouver dans l'Ćuvre elle-mĂȘme. Ăa doit rester quelque chose qu'on pourrait redĂ©couvrir plusieurs siĂšcles aprĂšs et comprendre." Quelle quantitĂ© d'informations faut-il donner au spectateur ? La taille des cartels qui accompagnent les Ćuvres varie considĂ©rablement selon les musĂ©es. "Il faut donner quelques clĂ©s, mais aussi faire comprendre que ce n'est pas le plus important. Quand on a appris Ă approcher l'art, les clĂ©s, on va les chercher soi-mĂȘme", estime Jean Blaise, qui a passĂ© sa carriĂšre Ă installer l'art contemporain dans l'espace public. D'autant qu'une Ćuvre n'a pas forcĂ©ment qu'un sens, dĂ©terminĂ© par l'artiste. Pour Elisabeth Couturier, "une Ćuvre forte Ă©voque des tas de choses, que l'artiste a parfois mises inconsciemment". Et il arrive qu'il n'y ait rien de particulier Ă comprendre. "Un artiste comme James Turrell fait appel au corps et aux sens", avec ses piĂšces vides oĂč il joue sur la lumiĂšre, explique la critique d'art. "Vous entrez et vous ĂȘtes immergĂ© dans une ambiance de couleur, du bleu, du noir. Vous ne voyez plus les arĂȘtes de la piĂšce, il vous fait perdre vos repĂšres, vous osez Ă peine marcher. C'est magnifique". "Tout ça ne sert qu'Ă faire de l'argent" Sans doute que la Fiac, avec ses 193 stands oĂč les Ćuvres sont Ă vendre, n'est pas l'Ă©vĂ©nement qui vous convaincra du contraire. StĂ©phane CorrĂ©ard trouve Ă©tonnant que "le principal Ă©vĂ©nement d'art contemporain dans l'annĂ©e soit une foire marchande". Dans le milieu de l'art, "la lĂ©gitimitĂ© apportĂ©e par le marchĂ© a dĂ©passĂ© celle apportĂ©e par les conservateurs de musĂ©es", s'inquiĂšte d'ailleurs le critique et collectionneur. Etre vendu cher fera plus de bien Ă la carriĂšre d'un artiste que d'ĂȘtre admirĂ© par les musĂ©es, qui finissent par suivre les collectionneurs StĂ©phane CorrĂ©ard relĂšve que le Centre Pompidou Ă Paris expose "Ă 90% des stars du marchĂ©". Vous n'avez donc pas tort en imaginant que l'argent influence au moins une partie de l'art contemporain. MĂȘme le trĂšs connu et trĂšs politique street-artist Banksy n'Ă©chappe pas au fait que ses Ćuvres soient vendues aux enchĂšres â et quand il met en scĂšne l'autodestruction d'une de ses toiles, elle prend de la valeur. Pour les artistes, il devient difficile de se faire un nom et de vivre de leur art sans plaire aux grands collectionneurs, "des multimillionnaires qui n'ont pas forcĂ©ment une ouverture artistique Ă©norme", prĂ©cise StĂ©phane CorrĂ©ard. "Si les musiciens devaient ĂȘtre financĂ©s par Bernard Arnault ou François Pinault [deux milliardaires français et mĂ©cĂšnes importants de l'art contemporain], poursuit-il, le hard rock ou le rap existeraient-ils ?" Les critiques voient surgir des artistes "qui dĂ©fraient le marchĂ© et dont on se demande pourquoi ils sont mis en avant", estime Elisabeth Couturier, si ce n'est qu'ils plaisent Ă ceux qui ont les moyens de les acheter. Elle se souvient notamment des "formalistes zombies", des peintres abstraits Ă la mode en 2014 "et qui ne valent plus un clou aujourd'hui". Leurs tableaux ne portaient aucune idĂ©e forte mais Ă©taient "parfaits pour les dĂ©corateurs", rĂ©sume le New York Magazine. Mais avant de rejeter l'art contemporain parce qu'il aurait vendu son Ăąme, sachez tout de mĂȘme que tout cela n'est pas nouveau. Auteure de Les Avant-gardes artistiques. Une histoire transnationale, BĂ©atrice Joyeux-Prunel rappelle que nombre de ces mouvements d'avant-garde "ont pu innover parce que les artistes vendaient une production plus classique Ă cĂŽtĂ©", tel Monet, envoyĂ© peindre des vues sur la CĂŽte d'Azur parce qu'elles plaisaient aux collectionneurs amĂ©ricains. En revanche, ce phĂ©nomĂšne prend aujourd'hui des proportions jamais vues dans le cas de certains artistes les plus chers du monde. La production de Damien Hirst ou Jeff Koons s'est transformĂ©e en une industrie qui emploie des dizaines de personnes, pour satisfaire la demande. "Je pense qu'ils sont aujourd'hui plus proches de ce qu'est une maison de couture qu'un artiste", estime StĂ©phane CorrĂ©ard des marques qui produisent de façon crĂ©ative, mais pour vendre Ă des clients fortunĂ©s. Il imagine mĂȘme un futur oĂč ces stars auraient "vocation Ă ĂȘtre remplacĂ©es un jour, Ă la tĂȘte de leur griffe, par de jeunes stylistes qui apporteraient de nouvelles idĂ©es". La mĂ©tamorphose de certains artistes en marques, que vous pouvez dĂ©plorer, serait alors complĂšte. "On ne se souviendra jamais de ces artistes comme on se souvient de Van Gogh aujourd'hui" Cela, vous n'en savez rien, et les professionnels de l'art non plus. "Moi-mĂȘme, je me pose souvent cette question", admet Jean Blaise. "Je pense qu'on ne sait pas lesquels des artistes contemporains resteront Ă la postĂ©ritĂ©". Ce qui est sĂ»r, c'est que l'art contemporain a un handicap par rapport aux courants qui l'ont prĂ©cĂ©dĂ© il est contemporain, justement, et le "tri" de l'histoire, qui permet de distinguer les grands artistes des autres, ne s'est pas encore fait. "A l'Ă©poque de Van Gogh, il y avait des centaines de Van Gogh, en moins bons", s'amuse Elisabeth Couturier. Mais ils sont tombĂ©s dans l'oubli, et vous ne les voyez pas sur les murs des musĂ©es. De plus, vous n'ignorez sans doute pas que parmi les artistes entrĂ©s au PanthĂ©on de l'art, beaucoup Ă©taient aussi trĂšs critiquĂ©s en leur temps. "A une Ă©poque, 99% des gens pensaient que Picasso n'Ă©tait pas un artiste", rappelle Jean Blaise. "Aujourd'hui, quand je regarde les personnes en train de faire la queue pour admirer la derniĂšre exposition Picasso, je me dis qu'Ă l'Ă©poque, elles auraient sans doute dĂ©testĂ©". .